dimanche 27 mars 2011

La grande colère des maraîchers nantais

La grande colère des maraîchers nantais

26/03/2011 – 22h10
NANTES (NOVOpress Breizh) – « Pourquoi la France est-elle le seul pays à se faire envahir de produits étrangers quand la production française est présente ? ». Maraîcher dans la région nantaise et président national du groupe « Jeunes maraîchers » Louis Vinet a fait part au micro d’Europe 1 de son amertume. Car la colère monte chez les producteurs et ils le font savoir. Avec, dans leur collimateur, la grande distribution et les importations à bas prix. Une guerre des prix qui menace les entreprises et les emplois locaux.
Mâche nantaise. 3000 tonnes détruites dans le mois écoulé
L’enquête qui vient d’être réalisée par la Fédération des maraîchers nantais dans les rayons primeurs de 30 grandes surfaces de la région nantaise est édifiante: on trouve ainsi une barquette de mâche achetée 0,25 € et revendue huit fois plus cher dans un supermarché, des concombres payés 0,28 € au producteur et revendus 1,35 €, ou encore un kilo de poireau pour lequel le revendeur fait cinq fois la culbute…
Selon Louis Vinet, les coûts de transport et de personnel de la grande distribution ne justifient pas de tels prix aux consommateurs. Selon lui l’écart vient donc des marges. « Dire que les légumes sont chers est faux : ils sont vendus cher, c’est différent. » précise-t-il à 20 Minutes.
Les producteurs nantais reprochent aussi à la grande distribution de trop souvent favoriser les achats de fruits et légumes importés du Maghreb ou d’Espagne plutôt que des produits cultivés dans la région. D’excellents primeurs ne trouvent pas place sur les étals des grandes surfaces, qui préfèrent proposer à la vente des légumes similaires importés de l’étranger. On peut ainsi trouver des tomates marocaines à moins d’un euro le kilo. A des prix moins chers – compte tenu du faible coût de la main-d’œuvre – mais très souvent de moins bonne qualité.
Tomates marocaines : produites à bas coût, importées sans limites et sans contrôles par la grande distribution
Résultat : le maraîchage nantais, qui représente 4 000 emplois dont 1 600 permanents, pour un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 200 millions d’euros connait aujourd’hui une crise sans précédent. Dans le mois écoulé ce sont ainsi près de 3000 tonnes de mâche nantaise qui ont dû être détruites, faute de trouver preneur. Et certaines exploitations sont contraintes de licencier du personnel.
Une situation que le nouvel accord de libre échange signé entre l’Union Européenne et le Maroc, qui doit être soumis prochainement au Parlement européen, risque d’aggraver un peu plus. Cette libéralisation accrue accentuera en effet la destruction de la production de fruits et légumes, la désertification et la destruction de l’emploi dans les zones rurales de l’Europe.
Face à cette crise, Frédéric Lefebvre, le très sarkozyste secrétaire d’Etat au Commerce, interrogé par Europe 1 s’est contenté de dire qu’il avait demandé que des contrôles soient effectués par la DGCCRF « afin de détecter d’éventuelles pratiques abusives ». « On doit veiller à ce qu’un certain nombre de petits producteurs ne soient pas étranglés » a –t-il ajouté, sans proposer de mesures concrètes. Pas vraiment de quoi rassurer un secteur à la merci de la grande distribution, qui représente 90% de sa clientèle. Une grande distribution qui se refuse quant à elle à tout commentaire.
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