mercredi 27 avril 2011

Levée de boucliers contre le « pass » contraception pour lycéens

Levée de boucliers contre le « pass » contraception pour lycéens

Alors que Luc Chatel, ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative, accompagnait mardi Jean-Paul Huchon, Président du conseil régional d’Ile-de-France, dans un lycée parisien (Élisa Lemonnier) pour présenter le dispositif « Pass Santé Contraception », les réactions ne se sont pas faites attendre.
Vincent You, vice-Président du Parti chrétien-démocrate et conseiller régional de Poitou-Charentes regrette que « Luc Chatel opère un revirement complet par rapport à ses propos en Poitou-Charentes ». « Comment peut-on accepter d’organiser le contournement complet des parents sur des choix aussi importants ? Comment peut-on prétendre revaloriser l’autorité parentale et mettre les parents hors-jeu dès que les questions deviennent importantes ? Comment peut on cautionner aujourd’hui ce que l’on refusait lors de la campagne régionale il y a tout juste un an ? » s’interroge l’élu qui parle de « démagogie ».
Même son de cloche chez les Jeunes du Centre national des indépendants : « contrairement aux volontés socialistes et de certains membres du gouvernement, la sexualité est un sujet d’éducation et relève de la famille » déclare Benoît Crespin, vice-Président. « Courir après la gauche continue d’affaiblir la droite et renforce l’extrême droite » note-t-il. Pour les Jeunes indépendants et paysans, « la prévention de l’avortement chez les mineurs passe par la fin de sa banalisation et par un discours responsable en matière de sexualité ». « Un chèque pour répondre à un sujet de société aussi grave montre l’inconsistance de la gauche en matièa
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re de politique éducative et l’échec du planning familial, pourtant largement soutenu par les pouvoirs publics », conclut Benoît Crespin.
Déresponsabilisation
Christophe Bentz, le Président des Jeunes pour la France (les jeunes du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers), ne dit pas autre chose : « le « pass » contraception est une nouvelle illustration de la politique d’assistanat qui est menée par l’Etat, alors que les pouvoirs publics devraient, au contraire, inciter à des politiques de responsabilisation de la jeunesse ». Il dénonce une « régression de l’autorité parentale puisqu’il déresponsabilise les parents au bénéfice des pouvoirs publics qui n’ont pourtant nullement vocation à s’ingérer dans le domaine de la sexualité. »
Du côté des associations, le scepticisme et la consternation prédominent. Claudine Caux, présidente de la Fédération des parents d’élèves (PEEP) juge que l’Éducation nationale « doit apporter un complément d’informations mais elle ne doit pas prendre une part de l’éducation en priorité échue aux parents et due aux enfants ». « Il ne faut pas banaliser tout ce qui peut avoir un rapport avec la sexualité et expliquer notamment qu’il faut que ce soit consenti et voulu de part et d’autre. C’est pourquoi il faut revaloriser le rôle des parents à ce niveau là » préconise-t-elle. Natalie Bajos, directrice de recherche à l’Inserm, rappelle que le « pass » contraception « ne suffira pas à résoudre le problème » et encore moins à faire baisser le nombre d’avortements. En effet, l’augmentation du nombre d’avortements chez les jeunes n’est pas due à un mauvais recours à la contraception mais à une « norme procréative » qui a changé, explique-t-elle dans La Croix. « Aujourd’hui, pour un même taux de grossesses non prévues, on recourt plus facilement à l’IVG » : chez les 14-15 ans, on est passé de 65% de grossesses non désirées interrompues en 1990 à 79% en 2005, et de 54% à 67% chez les 16-17 ans sur la même période.
Inefficace contre l’avortement
La Confédération Nationale des Associations Familiales Catholiques (CNAFC) rappelle que « plusieurs études montrent (…) que la diffusion de la contraception en France n’a pas fait baisser le nombre d’avortements. Cette situation tient au fait que le recours à l’avortement prend naissance en particulier dans des conceptions erronées de la sexualité qui procèdent de la même logique que celle pouvant justifier le recours à la contraception. »
Pour Pascale Morinière, sa vice-présidente, c’est d’une « véritable éducation affective, relationnelle et sexuelle » qu’ont besoin les jeunes. Et « au moment où les parents ont plus que jamais besoin d’être confortés dans leur vocation de premiers éducateurs et d’être soutenus pour aborder ces graves questions, toutes les pistes ou initiatives qui conduiraient à accentuer leur exclusion – par exemple en facilitant la distribution de la contraception dans les établissements scolaires – seraient particulièrement déplacée » note la CNAFC.
L’Alliance pour les Droits de la Vie (ADV) dénonce quant à elle « une nouvelle intrusion de l’Education nationale dans la vie intime des élèves » et un « revirement irresponsable » de Luc Chatel. « Comment demander aux parents de renforcer leur responsabilité éducative, notamment sur des questions d’absentéisme ou de primo délinquance, et en même temps tout organiser pour qu’ils soient totalement mis à l’écart d’un sujet qui concerne l’intimité et la responsabilité de leur enfant ? » interroge l’association.
L’Etat se substitue aux parents
« Si l’Etat entendait remplacer les parents par l’intermédiaire de l’Education nationale, il n’agirait pas autrement. Mais alors, il lui faut assumer jusqu’au bout cette situation et venir en aide aux adolescents qu’une sexualité ou l’avortement précoces auront fragilisés sans que leurs parents en connaissent la raison. Fournir aux élèves de classe de Seconde une contraception anonyme, c’est entrer dans cette fuite en avant. Certains veulent proposer « ce service » dès les classes de 3ème voire de 4ème ! » note l’ADV.
L’association dénonce un « harcèlement contraceptif » qui a pour effet, « inverse de celui escompté », « la très forte croissance de l’IVG chez les mineures ». « Les pass contraception, et les autres méthodes supposées sécuriser la sexualité précoce, produisent à terme une sorte d’injonction aux lycéens et lycéennes de faire d’une sexualité précoce un rite initiatique. Or, celui-ci est trop souvent corrélé à des formes de souffrances sociales, affectives et personnelles qu’il faudrait avoir le courage de reconnaître » note l’ADV.
A la question « Approuvez-vous la distribution du Pass contraception dans les lycées ? » posée par Le Figaro, une majorité d’internautes (53,26%) a répondu « non » (20 091 votants).

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